« Au Mozambique, même les évêques ont peur de parler de la sorcellerie » (Une religieuse)

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Le Mozambique est en proie à la traite des organes humains et la sorcellerie est en un facteur favorisant, selon une religieuse travaillant dans le pays.

Les efforts visant à aider les réfugiés qui sont visés dans les tentatives de trafic d’organes sont entravées en raison de craintes culturelles à faire face à ceux qui se livrent à de telles pratiques, a déclaré Sœur Marines Biasibetti, secrétaire général de la Commission épiscopale du Mozambique pour les migrants, les réfugiés et les personnes déplacées.

« Même dans l’Eglise, religieux et religieuses, prêtres et évêques locaux ne parlent pas de peur de ce qui peut leur arriver », a affirmé Soeur Biasibetti à l’agence Catholic News Service (CNS).

Sœur Biasibetti, qui est originaire du Brésil et travaille au Mozambique depuis plus de deux ans, a assisté à une conférence au Vatican sur la traite des êtres humains, une initiative soutenue par François pour aider les victimes de ce trafic.

Alors que le problème de la traite des êtres humains existe depuis de nombreuses années au Mozambique, la religieuse a soutenu que « le temps est venu pour l’Eglise de parler de cette question ».

« Ce problème a toujours existé, mais maintenant il est en cours de discussion, en particulier en ce qui concerne le trafic d’organes, car il est lié à la magie et les croyances culturelles. Les gens, les victimes comme le grand public, ont très peur de parler sur la question », dit-elle.

L’aggravation de la situation socio-politique du Mozambique, a-t-elle expliqué, a comme conséquence de conduire les gens vers les guérisseurs qui pratiquent la sorcellerie; ils croient que les guérisseurs peuvent non seulement restaurer la santé des gens, mais ils peuvent aussi les aider dans leurs besoins basiques ou même pour «la richesse et de l’argent facile ».

« Le sorcier effectue ses rituels et leur dit que, pour avoir de meilleures conditions de vie ou pour obtenir ce qu’il ou elle sollicite, il faut apporter la tête, la main ou la langue d’une personne. Et si les gens croient cela, ils iront jusqu’à tuer quelqu’un à cette fin », a encore fait savoir Soeur Biasibetti à CNS.

Les malheureuses victimes de ces attaques, a-t-elle précisé, sont des migrants venant souvent d’Afrique du Sud, qui sont considérés comme une «classe défavorisée ».

Ceux qui sont impliqués dans la sorcellerie sont également très bien organisés et laissent peu de preuves aux enquêteurs, a-t-elle souligné.

« Quatre-vingt-cinq pour cent des victimes de la traite des organes le sont à cause des sorciers et guérisseurs en raison de croyances culturelles qui sont encore très enracinées dans le peuple », informe Soeur Biasibetti.

Alors que les autorités locales et gouvernementales hésitent ou montrent peu d’intérêt dans la lutte contre le phénomène, Sœur Biasibetti soutient que son bureau tente d’éduquer les gens et de prévenir le trafic d’organes.

Le trafic et la commercialisation d’organes et des parties du corps « est un phénomène triste qui continue malheureusement de croître au Mozambique », déplore-t-elle, mais la coopération entre les autorités religieuses et locales peut aider à sauver des vies et des âmes.

«Nous allons promouvoir les droits de l’homme et, surtout, la valeur de la vie à travers notre témoignage et l’évangélisation, pour être un signe de solidarité et d’amour», a, enfin, déclaré Sœur Biasibetti.

 

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